Etre Maire
A la mi novembre, j’ai participé comme presque chaque année au Congrès des Maires de France à Paris.
L’occasion pour les élus d’aborder les problèmes, d’évoquer leurs inquiétudes, de proposer des solutions, de faire du lobbying sur le gouvernement, de demander l’autonomie financière par le biais d’une fiscalité renouvelée. L’occasion aussi de faire son marché au salon des collectivités locales, où de nombreuses entreprises prestataires exposent leurs produits et leurs nouveautés.
C’est le moment de s’interroger sur son engagement de Maire. Depuis 1995, je crois avoir œuvré pour l’intérêt des habitants de Woelfling. Je suis animé par la vision de ma commune à long terme. Enfant de ce village, je sais où je veux le mener et je suis évidemment convaincu de cette évolution que je propose à mes concitoyens.
Pas étonnant alors que je sois à nouveau candidat en mars prochain pour un nouveau mandat de six ans.
Le mandat de Maire est sans doute le plus passionnant, le plus prenant aussi. Il demande une disponibilité de tous les instants particulièrement dans les petites communes. Mes autres mandats m’ont amené à réorganiser notre fonctionnement, tout en restant au courant de toutes les évolutions et en définissant notre stratégie en concertation avec les adjoints.
Je veux remercier mes adjoints pour le travail accompli pendant ces 13 années.
D’abord Fabien Rauch, qui s’est investi sans compter aux côtés des ouvriers communaux pour rendre notre commune plus accueillante, pour quelle soit reconnue notamment à l’occasion de la fête de la pomme de terre. Remercier aussi Fabien Peifer, qui, en plus d’être un excellent collaborateur, est devenu un véritable ami. Il a suivi les travaux communaux et l’urbanisme avec le souci de la perfection, et sait tenir tête tant aux bureaux d’études qu’aux entreprises pour obtenir un résultat de qualité au service de nos concitoyens.
Merci aussi à Catherine, adjointe depuis juin 1995. Nous avons évolué ensemble au sein de cette commune. Novices, nous avons appris à nous engager à fond pour développer des liens intergénérationnels. Ensemble, nous avons créé des moments forts pour que la population se retrouve, lors du repas de Noël des personnes âgées, ou lors de la St Nicolas, toutes les manifestations qui permettent aux gens de se rencontrer et d’échanger. Au-delà de ça, Catherine, a toujours su donner à mes orientations politiques une touche féminine, pour arrondir mes jugements et mes décisions. L’idée de devoir travailler sans elle à partir de mars prochain m’attriste, mais quel que soit son choix je le respecterai.
Enfin Werner, que de sérieux avec lui, que d’engueulades, mais que de rire aussi. Il a comme moi une grande idée pour Woelfling, et nous rêvons tous les deux au-delà du possible. Les projets les plus fous c’est avec lui que je les aborde, comme le projet éolien par exemple, ou la cantine scolaire…
Le ciment de notre équipe municipale, c’est justement de progresser, d’aller toujours plus loin que le possible, de montrer qu’une commune de 650 habitants peut avoir des ambitions à condition de les adapter à sa situation particulière.
La perspective de ces élections m’enchante. L’idée de pouvoir préciser notre projet à l’attention de la population aussi. J’aurai l’occasion d’y revenir.
La Congrès des Maires fut aussi l’occasion d’un vrai débat. Aujourd’hui le gouvernement souhaite limiter la dette de l’Etat… en tout cas dans le discours. Il me semble en effet, qu’il n’était pas intelligent de vouloir commencer à faire des économies en faisant des cadeaux de 15 milliards d’euros à ceux qui n’en ont pas besoin. Mais chacun devra en tirer les conséquences le moment venu.
Mon inquiétude concerne plutôt l’autonomie financière des communes. L’Etat veut réduire les dotations qui nous sont versées et en même temps il asphyxie financièrement les collectivités locales. En effet il transfère les compétences, sans les moyens, sans pour autant réduire le train de vie de l’Etat. Par exemple depuis 1981, 600.000 fonctionnaires supplémentaires ont été recrutés au sein de l’administration d’Etat, alors que les services se voyaient revenir aux Régions et aux Départements. Gaston Deferre, Ministre de l’Intérieur, père de la décentralisation, avait pourtant rappelé qu’inévitablement il serait nécessaire de geler le recrutement de ces fonctionnaires.
Or aujourd’hui, les compétences les plus lourdes sont transférées, et pas les moyens. De plus, chaque fois que le gouvernement annonce une réduction fiscale, elle se fait sur le dos des collectivités, sans concertation et sans information. Ce fut le cas de la taxe professionnelle, l’une de nos principales recettes, de la TIPP, et de bien d’autres impôts locaux. A l’inverse l’Etat a toujours le même discours sur son déficit. Or les collectivités locales ne sont pas concernées, puisque nous sommes obligés de voter le budget en équilibre. En fait, l’Etat s’endette en devant financer les compensations aux communes. Au lieu d’adapter la fiscalité à la société, l’Etat garde un modèle fiscal obsolète, manquant de courage pour réformer le système et permettre de prélever des impôts nouveaux sur de nouvelles assiettes fiscales.
Les finances communales sont menacées, certains depuis longtemps veulent la disparition des communes. Certes, nous avons trop de structures en France qui mettent en péril notre fonctionnement, mais la commune issue de la Révolution Française, est un modèle copié par toutes les démocraties. Elles doivent continuer à vivre, elles organisent le territoire, elles engendrent une économie induite incomparable en France, et ce sont autant de Maires, d’Adjoints et de Conseillers Municipaux, qui organisent démocratiquement la cité.
Au sein du Conseil d’Administration de l’Association des Maires Ruraux de la Moselle, je me bats pour l’autonomie financière des communes, je me bats pour garantir à nos populations les mêmes services que ceux qu’offrent les villes, avec en prime une indéniable qualité de vie. C’est aussi par amour pour la ruralité, que je me représente à la Mairie de Woelfling, considérant que j’ai encore à apporter à ce village, et que renoncer à ce mandat serait une forme d’abandon. Certes, cela pèse sur ma vie privée, mais en même temps rien ne vaut la gestion d’un village, où l’on connait chacun de ses habitants…
Dans ce monde nous avons le devoir de nous engager, pas pour nous-mêmes, mais pour les autres, et quoi que me réserve la vie, mes gênes ne me permettront jamais de rester indifférent au monde mouvant qui m’entoure, que ce soit par le biais de la politique ou par le biais d’une association. C’est ainsi que je me sens vivre.