Alors ces primaires citoyennes?!

Publié le par Weber Michaël

 Comme beaucoup de mes camarades, je craignais le pire.

L’annonce des primaires pour désigner notre candidat à la présidentielle m’inquiétais, tant j’étais encore marqué par l’échec de 2007. Ces pseudos primaires avaient imposé la candidate des médias, au lieu de laisser un débat de fond décider de l’avenir de la France.

Aujourd’hui, après toutes nos craintes, les peurs de noyautage, la crainte de manipulation de la presse, la participation très largement supérieure à ce que nous avions pensé donne une autre dimension à ces primaires citoyennes.

Rappelons d’où nous venons. Le PS, seul en capacité d’incarner l’alternance en France, sort d’une longue crise qui trouve son origine dans la réforme de la Constitution et l’accident démocratique qui l’a suivie, à savoir le 1er tour des présidentielles de 2002 qui voyait Lionel Jospin battu.

Notre régime a renforcé sa présidentialisation, en inversant le calendrier. Lors de l’élection, il nous revient de désigner un « Chef » de l’Etat. Or, la gauche ne fonctionne pas comme la droite. A droite, le chef est incontesté, il se révèle naturellement, il engage derrière lui l’ensemble de ses fidèles sans laisser la place à la différence. La gauche, elle, n’a pas cette culture du chef. Au PS, les courants sont nombreux, et notre parti doit composer avec les Verts et les Communistes. Toutes les désignations se font de façon démocratique par un vote des militants, et ce pour toutes les fonctions internes ou externes au parti.

Le retrait brutal de la vie politique de Lionel Jospin a créé un vide. Le « chef » du parti, Premier Secrétaire National qui était François Hollande, trop exposé après le retrait de Jospin, et sans doute pas prêt à la charge suprême, n’était pas en mesure d’être notre candidat en 2007. D’où l’organisation d’une primaire qui amena donc Ségolène Royal à la candidature. Tout a été dit sur cette période et il ne me semble pas utile d’y revenir. La seule chose à noter, c’est le fait que la primaire de 2007 était interne au PS, celle de 2011 est ouverte au peuple de gauche.

Certains n’y voient pas une grande différence :

1)    En 2007, de nombreuses personnes, même de droite, avaient adhéré à 20€ pour influencer le résultat, aujourd’hui avec 1€ il est encore plus facile de voter ;

2)   En 2007, la candidate était portée par la presse et les sondages, cette année aussi la presse semble avoir une préférence pour François Hollande et les sondages lui donnent une forte avance.

Où est donc la différence ?

Je pense que nous avons organisé un nouveau contrat entre le PS et les français. La forte participation oblige autant les membres du parti, qu’elle oblige ceux qui se sont déplacés pour réclamer fortement le départ de Nicolas Sarkozy.

 

Les électeurs qui se sont déplacés à un moment pour ces primaires, étaient plus de 3 millions, et très rares sont ceux qui ne nous ont pas glissé un « nous en avons marre de celui-là ». Nous leur avons proposé un projet, et nous leur avons demandé de désigner celui qui peut mieux le porter. Ils connaissent les règles du jeu, que les cadres du PS s’appliquent à eux-mêmes…  Au lendemain, nous nous retrouvons tous sur le même candidat. Ces électeurs ont surmonté la peur d’être fichés, ont accepté de payer au minimum 1€, ont signé un engagement dans les valeurs de gauche. Ils doivent, à présent, accepter le choix des urnes et se réunir derrière le candidat François Hollande.

 

Mais cette élection nous oblige aussi nous, membre du PS. Notre parti est trop replié sur lui-même. Certes il est démocratique, mais il ne connait plus bien son électorat. Les classes ouvrières se tournent aujourd’hui majoritairement vers l’extrême droite, dont le discours simpliste et populiste est plus séduisant. Les classes moyennes attendent beaucoup de la gauche, mais ne sont pas un électorat fidèle. Nous devons donc nous ouvrir sur ces nouveaux électeurs, répondre à l’attente du peuple de gauche, avoir un discours plus simple, plus concret et plus compréhensible. Ces primaires montrent le besoin de politique. A nous de nous en saisir pour proposer d’aborder les sujets de fond, pas en se jetant des noms d’oiseaux comme c’est trop souvent le cas dans les émissions politiques entre majorité et opposition, mais pour proposer chacun son projet de société. Nos concitoyens sont assez responsables pour se faire une opinion sur chacun des programmes.

 

Cette primaire, voulue courageusement par Martine Aubry, est une occasion. Elle a montré d’abord que le PS reste le parti du progrès, et que le dynamisme est de notre côté. Un élan est donné, la victoire est possible pour François Hollande, pour la gauche et pour la France. Pour ce faire, nous devons construire une alternative forte, au-delà du simple rejet de Nicolas Sarkozy par une adhésion à notre programme socialiste. Le chemin est encore long, car ce contrat-là ne peut s’inscrire que dans la durée. Pour cela notre candidat doit se mettre à l’écoute de son peuple, il doit être en mesure de tenir ses engagements, car l’espoir en la politique est énorme. Il a derrière lui des militants, des élus et depuis quelques temps des sympathisants qui le portent, sa responsabilité en est d’autant plus grande.

 

Mais j’ai confiance en la politique, et aussi en l’homme. Je ferai donc cette campagne en défendant les valeurs de gauche, en me mettant à l’écoute de mes concitoyens et en proposant un projet alternatif pour qu’enfin notre pays soit à nouveau attendu à l’extérieur, écouté à l’intérieur et qu’il apporte l’espoir  d’un avenir meilleur à son peuple.

 

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