Une stratégie du tourisme...

Publié le par Weber Michaël

Dans un article paru dans l’édition du Républicain Lorrain du 2 janvier 2010 Gérard Humbert, Maire de Bitche, évoquait son investissement politique notamment dans l’intercommunalité qui vient de se créer récemment. Il expliquait pourquoi il a préféré la délégation au tourisme  à celle à l’économie. J’ai apprécié ce qu’il a dit, et je souhaitais réagir à mon tour, suite aux « assises du tourisme » que le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord a organisé à Lorentzen.

 

La question du tourisme est au cœur de nos préoccupations depuis quelques mois. Chacun a conscience de l’importance économique du tourisme. Dans les secteurs ruraux comme le Pays de Bitche, tous les espoirs reposent sur le développement touristique. Il faut absolument éviter de réduire le développement économique au développement touristique, mais il faut reconnaître que c’est un des leviers à activer.  Cela justifie sans doute que les régions, les départements et les intercommunalités s’en saisissent avec plus ou moins de succès. Même les Pays ont revendiqué une place au sein des stratégies touristiques. 

 

Le PNR des Vosges du Nord  a conscience de son potentiel touristique qui est malheureusement  mal et sous exploité ! Chacun y va de son expérience , de sa stratégie commerciale, de la mise en valeur de ses sites, sans aucune cohérence ni mutualisation. Or le PNR des Vosges du Nord a le même paysage ; une vraie cohérence historique, culturelle, naturelle et patrimoniale. Est-il concevable qu’à l’office de tourisme d’une ville on se refuse de diffuser des flyers venant d’un office d’une autre ville de ce même espace de 85.000 hectares ? Tous regrettent que le touriste ne reste pas assez longtemps à visiter ce territoire. La communication faite à Wissembourg ne parle pas assez de Bitche et encore moins de La Petite Pierre. Pourtant, à Wissembourg, il est autant question de la ligne Maginot qu’à Bitche ou Rohrbach. De même, au Fleckenstein les ruines sont aussi utiles à la compréhension de l’histoire que celles de l’Arnsbourg  ou du Waldeck. Le cristal et le verre étaient les activités essentielles aussi bien à Goetzenbruck qu’à St Louis les Bitche ou Wingen sur Moder. Enfin, les espaces naturels n’ont pas de limites administratives.

 

Alors comment faire pour aller au-delà de ces différences territoriales ? Et comment montrer la spécificité de notre Parc Naturel ?

 

Les acteurs l’ont dit unanimement. Revenons à notre cœur de métier. L’idée même de Parc Naturel est assise sur la protection d’un patrimoine naturel. Cette nature exceptionnelle, à en voir le classement en réserve Natura 2000, doit pouvoir s’exposer aux touristes qui souhaitent mieux la connaître. Ce n’est pas un hasard si le Club Vosgien s’est créé sur ce territoire voilà plus d’un siècle. Son action bénévole a permis le classement de plusieurs milliers de kilomètres de sentiers piétonniers. Presque trop aujourd’hui pour y voir clair. Or le touriste veut une offre simple, lisible et de qualité. A nous de l’organiser, de qualifier ces sentiers de promenade  de façon à satisfaire le visiteur tout en lui montrant ce qui nous semble le plus adéquat. Il nous faut aussi revenir à ce dispositif de « randonnée sans bagages » plébiscité par tous les acteurs du tourisme, et parfaitement utilisé dans d’autres régions touristiques. Ce sera l’acte 1 de notre stratégie touristique. Et le touriste restera un jour…

 

Patrimoine culturel disais-je ? Et bien oui… Nous avons plus de 40 musées sur l’ensemble du territoire soit un musée pour 3 communes. Cette offre est énorme et totalement illisible. Pourtant, elle est parfaitement cohérente à l’habitant  parce qu’elle touche l’ensemble de l’histoire et de la construction sociologique des populations installées chez nous. Charly Dam, dans son spectacle sur le pays de Bitche, illustrait ce brassage de populations venues de toute l’Europe alors que nos contrées étaient décimées, désertées après la guerre de Trente Ans. Nous sommes tous un peu tyroliens, autrichiens, picards, belges, hollandais et suisses, et ce brassage a forgé notre culture. Une terre d’accueil, une terre de chuchotement, presque timide, mais qui sait ouvrir son âme à qui veut la découvrir. Une histoire longue qui parle toujours de l’utilisation de la terre. Pas la terre nourricière telle qu’on l’entend dans les territoires agricoles, mais la terre qui donne du travail, celle qui permet la fabrication du verre, du cristal, l’extraction du pétrole, la transformation du bois,… Pour réussir, il nous faut une politique culturelle coordonnée sur l’ensemble de ce territoire. En attendant, travaillons d’arrache pied pour montrer la cohérence de ces 40 sites patrimoniaux. Et le touriste restera 2 jours…

 

Un patrimoine culturel, mais aussi architectural et urbain. Hunspach, un des plus beaux village de France, Wissembourg, Saverne, Ohrenthal, Olsberg, Asswiller, tant de villages typiques, petits ou grands, mais des agglomérations qui méritent nos visites. Ce n’est pas un hasard si le Parc est plus que jamais sollicité sur les questions urbaines, car chacun a envie de garder nos villages typiques, tout en permettant l’accueil de nouvelles populations. A chacun d’entre nous d’interpréter l’architecture de nos villages, et le touriste restera 3 jours.

 

Lorsque nous avons obtenu le prix EDEN, décerné par l’Europe, j’ai toujours parlé des Vosges du Nord et de son brouillard. Une image que l’on a tendance à rejeter, qui pourtant exprime le mieux l’ambiance de cet espace. Un fond de vallée surplombé par ce brouillard a son charme et je me proposais de montrer au jury ce que cache ce nuage. Oui , une chaleur humaine, une richesse, mais aussi une gastronomie. Comment accepter que ceux qui viennent déjeuner à l’Arnsbourg, ne restent pas plus longtemps pour aller à la découverte de son environnement. J’ignore si l’inspiration de la famille Klein vient de la beauté du lieu, mais je me plais à le croire. La cuisine est présente dans chacun de nos villages, et elle est pour l’essentiel de qualité. Et le touriste restera 4 jours.

 

Je pourrai continuer ma déclinaison  pour montrer que nous avons un produit global. Et tout cela à moins de 200 km de millions d’habitants, avec un accès TGV, un aéroport à proximité…

 

Le plus dur reste à faire. A savoir, mettre tous les acteurs autour de la table, les collectivités, les offices de tourisme, pour que chacun accepte de raisonner en Parc Naturel Régional et agisse à son niveau de compétences Ces touristes que nous appelons de nos vœux ne s’intéressent en rien à l’organisation territoriale, à nos petites bagarres pour savoir qui aura le plus de nuitées, il veut simplement passer un moment inoubliable parmi nous.

 

Une offre touristique de qualité, et puis une plus value qui me tient à cœur, celle de l’écotourisme comme action transversale de notre stratégie. Pas l’écotourisme « tarte à la crème », mais celui qui permet d’arriver à son hôtel par un transport organisé, de rejoindre un site patrimonial grâce au transport collectif, d’utiliser des modes de déplacement doux, d’avoir accès aux hôtels, au naturel qui proposent une excellence environnementale.

 

Ce constat, je le tire de ces assises du tourisme du mois de novembre. Il fait l’unanimité des participants. A chacun de prendre ses responsabilités. Le Parc Naturel est prêt à jouer son rôle de facilitateur et de coordonnateur.  Nous le ferons pleinement, avec tous les acteurs touristiques car au bout il y a aussi de l’économie, des emplois, et une autre vision du territoire. Un territoire d’ambition, un territoire qui a envie de réussir, un territoire qui redevient attractif.

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